DONNEES SUR LES JEUNES ET LEURS COMPORTEMENTS DE SANTE

Les études qui portent sur la santé des jeunes mettent en évidence leur vulnérabilité. Elles montrent l'importance des traumatismes liés aux accidents chez les jeunes de 15 à 24 ans ainsi que des symptômes évocateurs de leur mal-être physique et psychologique.
Les conduites à risques pour la santé sont d'autant plus présentes que les jeunes fréquentent un enseignement peu valorisé ou sont en décrochage scolaire.
Les jeunes considèrent la consommation de produits comme un moyen de s'identifier à un groupe, d'entrer en relation avec les autres, de s'affirmer par rapport aux adultes, de transgresser les règles, etc.…
Etablir un dialogue avec les jeunes s'inscrit dans une démarche centrée sur la personne et non sur le produit. C'est-à-dire, une démarche qui tienne compte de la globalité et des besoins de la personne et qui encourage son expression et sa participation.

Jeunes…

Il existe bien des définitions autour de l’adolescence.

L’adolescence serait : “la phase de transition dont la durée dépend à la fois du jeune lui-même, des projections qu’il reçoit des adultes, et de ce que le groupe social lui fournit comme contenance et limites d’exploration” .

Selon Philippe JEAMMET, psychanalyste et psychiatre pour adolescents et jeunes adultes, “l’adolescence serait un carrefour entre le monde de l’enfance et celui de l’adulte, entre la problématique individuelle, la problématique sociale, avec l’entre face des deux, la famille” .

Apparaissent à l’adolescence toute une série d’états et de phénomènes aussi divers les uns que les autres :

  • Des contrastes entre l’impression d’être invulnérable et un manque de confiance en soi ; entre la prise de risques (tentative d’essais de quelque chose d’inconnu ou d’interdit) et la non-réflexion des conséquences (positives ou négatives) qui peuvent en résulter,
  • Le réinvestissement des énergies conflictuelles dans des activités variées (physiques, intellectuelles, artistiques).
  • Ce phénomène peut également s’illustrer par l’accomplissement d’exploits de toutes sortes afin de se faire remarquer par ses copains,
  • La difficulté de se défendre contre le stress,
  • Un état plus ou moins dépressif.

La fin de l’adolescence marque l’aboutissement, la « mort » de l’enfance pour la « naissance » de l’adulte. Elle débute, en général, entre 17 et 21 ans chez les individus des deux sexes.

… santé…

La situation sanitaire dans les pays occidentaux s’est fortement modifiée au cours du 20ème siècle.

Au début de ce siècle, la mortalité était liée en grande majorité aux maladies infectieuses.

Aujourd’hui, les pathologies sont différentes. Elles sont surtout liées aux comportements et aux habitudes de vie des gens, eux-mêmes influencés par l’environnement dans lequel ils se trouvent.

D’abord définie en négatif par rapport à la maladie, la santé recouvre à l’heure actuelle, des notions de bien-être et d’adaptation à l’environnement physique et social. De plus, elle véhicule une vision globale et multidimensionnelle de l’homme.
Aussi, s’intéresse-t-on de plus en plus aux déterminants de santé tant génétiques que liés à l’environnement et aux modes de vie.

Ces déterminants sont, par exemple :

  • La recherche de l’identité,
  • La possibilité d’affronter les difficultés et de trouver des solutions,
  • L’entrée en relation,
  • La recherche de l’équilibre,
  • Le soin du corps,
  • Le développement de l’esprit critique,
  • La prise de parole,

Quelques données

Les données de mortalité

La période qui va de 15 à 24 ans est une période de vulnérabilité selon les chiffres de décès par mort violente de l'année 1993.
71 % des décès des jeunes français âgés de 15 à 24 ans sont, en effet, des morts violentes : essentiellement accidents et suicides. La France a un taux de jeunes suicidés plus élevé que ses pays voisins.

En 1996, en Communauté française de Belgique, environ 76 % des décès des jeunes de 15 à 24 ans sont des morts violentes (causes extérieures de traumatismes et empoisonnements, classification Internationale des Maladies – 9ème révision) .

Les données de morbidité

Des enquêtes de santé mettent en avant un paradoxe en ce qui concerne la perception des jeunes de leur santé.

Environ 86 % des jeunes français donnent une réponse positive à la question « Vous sentez-vous en bonne santé ? ». Pourtant, ces mêmes jeunes rapportent un certain nombre de symptômes évocateurs de mal-être physique et psychologique (céphalées, asthénies, troubles anxio-dépressifs, douleurs digestives ou dorsales, réveils nocturnes…).

En Communauté française de Belgique, si 90 % des jeunes déclarent se sentir en bonne santé, beaucoup d’entre eux disent souffrir souvent de différents malaises : mal de tête, d’estomac, de ventre, de dos.

Les filles déclarent avoir davantage de problèmes de santé que les garçons.

Proportionnellement, les jeunes de l’enseignement professionnel sont plus nombreux à ne pas se sentir en bonne santé que ceux de l’enseignement technique, eux-mêmes étant plus nombreux que les jeunes de l’enseignement général .

… et comportements

A partir de l’adolescence, le jeune va adopter une série de conduites les unes, dites « saines » et les autres dites « à risques ». Lorsqu’il adopte l’un de ces comportements, c’est souvent dans le but d’obtenir un plaisir immédiat. En effet, les jeunes, et particulièrement ceux issus de milieux sociaux défavorisés, ont du mal à se projeter dans l’avenir.

Les jeunes adopteraient des conduites à risques de manière souvent consciente, en sachant qu'elles pourraient leur occasionner des conséquences négatives. Toutefois, le jeune peut entreprendre ce type de conduite “pour voir ce qui se passe” , « pour savoir ce que ça fait ».

C’est pourquoi, il nous faut distinguer deux types de conduites « à risques » :

  • les conduites dites « raisonnables » dans la mesure où elles sont structurantes et permettent à l’adolescent de découvrir l’environnement qui l’entoure et ses propres possibilités. Ce sont celles de l’essai.
  • les conduites dites « non raisonnables » parce qu’elles sont destructrices. Ce sont celles du risque.

On peut classer dans ces conduites « à risques » : la consommation d’alcool, de stupéfiants, le tabagisme… mais aussi la tentative de suicide, l’isolement…

Une étude française de 1993 sur les jeunes de 11-19 ans montre que :

  • 7 % des jeunes ont tenté de se suicider.
  • 15 % des jeunes scolarisés fument quotidiennement.
  • L’alcoolisation est régulière chez 12 % des jeunes (11-19 ans) contre 23 % chez les jeunes en insertion.
  • 14% des jeunes (11-19 ans) scolarisés ont déjà fait l’expérience de la consommation de drogues.

En 1996, en Communauté française de Belgique, chez les jeunes de 15 à 24 ans, 15,79 % des décès des filles (sur 76 décès au total) et 24,02 % des décès chez les garçons (sur 229) sont dus à une tentative de suicide .

Une étude en Communauté française de Belgique entre 1986 et 1994 montre que :

  • 15 à 20 % des jeunes fument régulièrement. Et, si la différence entre filles et garçons est peu, voire pas du tout marquée, la consommation de tabac est plus importante dans l’enseignement technique et professionnel que dans le général.
  • Les buveurs réguliers (ceux qui boivent au moins une fois par semaine du vin, du cidre, de la bière, de l’apéritif et/ou de la liqueur) sont de l’ordre de 30 %. L’habitude de boire est plus fréquente chez les garçons et augmente avec l’âge. La consommation régulière de boisson alcoolisée est légèrement plus importante chez les jeunes de l’enseignement technique et professionnel .
  • La consommation de drogues illicites a régulièrement augmenté chez les jeunes. La proportion de consommateurs chez les aînés est également plus importante que chez les plus jeunes. Les garçons, plus que les filles ; les jeunes de l’enseignement professionnel plus que ceux du technique, eux-mêmes plus que ceux de l’enseignement général, déclarent consommer du cannabis .

Il faut toutefois souligner que les comportements de santé des jeunes en insertion sont différents.

Selon Florence MORGIENSZTERN, la période intermédiaire entre l’adolescence et la maturité qu’est la jeunesse, bien vécue par les étudiants, ne l’est pas forcément pour une partie de la jeunesse des classes populaires. En effet, différentes enquêtes comme celles de l’INSERM montrent que “pour des jeunes qui le plus souvent identifient la santé en termes de mal-être de relation à soi et aux autres, de capital d’énergie à dépenser ; C’est cette énergie qui – inemployée – ce relationnel qui – abîmé – peuvent se retourner contre eux, avec à la clé, autant de conduites de risques et d’échecs pour exister malgré tout”.

Conclusion

Il existe beaucoup de facteurs susceptibles d’influencer le jeune dans ses comportements de consommation. Ils sont multiples et spécifiques selon chaque individu. C’est pourquoi, il est essentiel de travailler avec la collaboration des jeunes. Il semble également nécessaire de travailler sur différents déterminants comme l’estime de soi, l’image de soi, les relations avec les autres, avec l’environnement…On pourra ainsi mieux prendre en compte les situations spécifiques qui sont vécues, et dans certains cas, qui sont subies. De plus, cela pourrait permettre de favoriser une prise de conscience "efficace" des jeunes par rapport à un sujet souvent rébarbatif : la santé.

Extrait : Guide d’animation jeunes « des idées qui ne manquent pas de souffle, Champagne-Ardenne, Charleroi, CRES Champagne-Ardenne et Educa-Santé ASBL, 2002.

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