Stratégie de promotion de la santé

SEPT DIMENSIONS A LA RENCONTRE DES BESOINS DES JEUNES

Une approche globale

Pour le jeune en chemin vers son autonomie, la consommation de tabac, d'alcool ou autres assuétudes n’est pas nécessairement perçue comme un problème prioritaire pour sa santé et sa motivation au changement est souvent différée dans le temps.

Une action de promotion de la santé centrée sur la personne et non uniquement sur le produit, peut dès lors aider le jeune à effectuer une réflexion sur son mode de vie, par exemple sa consommation tabagique, et à trouver d'autres réponses à son mal-être ou à ses difficultés.

Proposer une approche centrée sur l'individu et non sur le produit, c'est lui permettre de s'exprimer, c'est aller à la rencontre de son cadre de vie, de ses besoins et lui donner un lieu d'écoute.

Cette approche s'articule autour de sept dimensions :

  • Trouver son équilibre
  • Construire son espace
  • Entrer en relation
  • Chercher son image
  • Surmonter les obstacles
  • Avoir de grands rêves
  • S'échapper au quotidien

Ces sept dimensions élaborées et choisies par des jeunes lors d'un stage de créativité sont à l'origine de la conception de l'outil « Sacado » (réalisé par Lucette Barthélémy du CRES Lorraine) et proposent une structuration de leurs préoccupations du moment et de leur vision de la santé. Les jeunes se sentent concernés s’ils peuvent comprendre et réfléchir à leur santé à partir de situations qu’ils vivent aujourd’hui ; sachant que les décisions qu’ils prendront vont influencer leur vie, leur futur et leur bien-être.

Une approche centrée sur les besoins

Utiliser ce modèle d’approche globale, c’est installer une dynamique créative et développer la motivation des acteurs qui se voient reconnus dans l’écoute et la recherche de satisfaction de leurs besoins. La notion de besoin, développée par Maslow, est complémentaire à ce modèle.

Ainsi la dimension trouver son équilibre rencontre les besoins physiologiques qui sont ceux de la consommation de nourriture, de contacts corporels, d’activité physique et de repos ; ce sont aussi les besoins sexuels et les besoins d’exploration de l’environnement.

Pour construire son espace, c’est le besoin de sécurité qui est pris en compte, il correspond à la certitude d’avoir un abri matériel où dormir et se reposer, sans crainte des agressions extérieures. Ils concernent aussi les habitudes prises dans un environnement physique et humain connu et rassurant, ainsi que le désir de posséder un certain espace vital et personnel.

Dans la dimension entrer en relation, les besoins d’appartenance et d’amour sont ceux attachés au fait de se reconnaître membre d’une communauté humaine, aussi petite soit-elle : l’ami intime, le couple ou aussi grande qu’elle puisse être : famille élargie, bande d’adolescents, équipe sportive, groupe de travail, nation, ethnie, etc.… Il s’agit de la recherche d’une sécurité affective permettant la construction et le maintien d’un sentiment d’identité sociale par un processus d’identification.

Chercher son image et surmonter les situations contribueront à aborder le besoin d’estime de soi qui a deux origines :
La première est externe et s’établit sur les réactions favorables et gratifiantes de l’entourage immédiat, puis d’un groupe social plus large : réussite scolaire, récompenses, évaluations positives, bonne réputation, célébrité.
La deuxième est interne, elle provient de la conscience de la personne elle-même, qui ne dépend plus des autres pour s’évaluer objectivement et se reconnaître comme estimable.

Les dimensions avoir de grands rêves et s’échapper au quotidien peuvent s’articuler avec le besoin d’auto réalisation qui est celui de l’autonomie et de la création. Lorsqu’une personne a atteint ces dimensions, elle ressent le besoin impérieux de produire une oeuvre qui soit à la fois une expression personnelle et une expression humaine, utile pour d’autres et qui défie le temps et la mort. Le besoin de créer une oeuvre personnelle satisfait les aspirations esthétiques propres à l’artiste mais a aussi une résonance pour toute l’humanité. Plus modestement, construire un objet original de ses propres mains, en y mettant toute sa passion est aussi, pour un artisan, la manifestation de ce désir, de même que de fabriquer sa maison, éduquer un enfant avec amour, lutter pour une cause humanitaire,...

Le vécu, une ressource

Fonder son intervention sur les besoins exprimés par les jeunes permet de dépasser les réponses toutes faites. Cela permet à l’individu de générer lui-même son processus d’apprentissage à partir de son vécu, en le confrontant à celui des autres.

Dans un travail de recherche mené en 1994 avec plusieurs centaines d'adolescents âgés de 13 à 20 ans, le Suisse Daniel Cordonnier a mis à jour comment les adolescents perçoivent leur bien-être et les événements qui l'influencent au quotidien. Il met en évidence que les jeunes réagissent aux événements ponctuels qui surviennent dans leur quotidien. Les événements concernant la santé physique figurent parmi ceux auxquels les adolescents accordent le moins d'importance. Pour les jeunes, l'importance d'un événement est prioritairement liée à ses effets sur le bien-être psychologique ou relationnel. L'événement qui est cité comme ayant le plus d'influence est la rencontre et les relations avec un jeune de l'autre sexe. Les stratégies préventives doivent tenir compte des façons dont les jeunes perçoivent le bien-être et il convient de considérer l'action préventive comme étant elle-même un événement dans la vie des jeunes.

Utiliser le modèle de Maslow permet d'identifier les vécus et les besoins propres à chacun. Il permet également d'évaluer la capacité à mobiliser les sept dimensions. En effet, chacun manifestera un intérêt plus ou moins fort pour l'une ou l'autre des dimensions selon ses besoins.

Il est probable que ceux qui manifestent une faible estime d’eux-mêmes ou qui ont le sentiment de ne pas avoir assez de sécurité dans leur emploi ou dans leur avenir chercheront avant tout à satisfaire leurs besoins fondamentaux, ils seront donc probablement plus intéressés par les dimensions « trouver son équilibre » et « construire son espace ».

D'autres, ayant satisfaits leur besoin de sécurité mettront leur énergie à établir des relations interpersonnelles et à recevoir des marques d’estime... ils se montreront donc plus intéressés par les dimensions "entrer en relation", "avoir de grands rêves", "s’échapper au quotidien"...

Il y a différentes façons d’utiliser et d’appliquer ce modèle, mais une condition persiste toutefois, celle de créer un lieu d’écoute et d’expression permettant une confrontation de la diversité des situations amenées par les participants. C’est de cette diversité que peut émerger la reconnaissance, l’appartenance à un groupe, l’estime de soi... amorces à la volonté d'agir et d'aller vers le changement.

Extrait : Guide d’animation jeunes « des idées qui ne manquent pas de souffle, Champagne-Ardenne, Charleroi, CRES Champagne-Ardenne et Educa-Santé ASBL, 2002.

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